samedi 26 octobre 2013

On Liberty, chapter III : Of Individuality, as One of the Elements of Well-Being. John Stuart Mill

Tout le chapitre vaut la peine, mais ce paragraphe III.13 est particulièrement intéressant.
III.13
In sober truth, whatever homage may be professed, or even paid, to real or supposed mental superiority, the general tendency of things throughout the world is to render mediocrity the ascendant power among mankind. In ancient history, in the middle ages, and in a diminishing degree through the long transition from feudality to the present time, the individual was a power in himself; and if he had either great talents or a high social position, he was a considerable power. At present individuals are lost in the crowd. In politics it is almost a triviality to say that public opinion now rules the world. The only power deserving the name is that of masses, and of governments while they make themselves the organ of the tendencies and instincts of masses. This is as true in the moral and social relations of private life as in public transactions. Those whose opinions go by the name of public opinion, are not always the same sort of public: in America they are the whole white population; in England, chiefly the middle class. But they are always a mass, that is to say, collective mediocrity. And what is a still greater novelty, the mass do not now take their opinions from dignitaries in Church or State, from ostensible leaders, or from books. Their thinking is done for them by men much like themselves, addressing them or speaking in their name, on the spur of the moment, through the newspapers. I am not complaining of all this. I do not assert that anything better is compatible, as a general rule, with the present low state of the human mind. But that does not hinder the government of mediocrity from being mediocre government. No government by a democracy or a numerous aristocracy, either in its political acts or in the opinions, qualities, and tone of mind which it fosters, ever did or could rise above mediocrity, except in so far as the sovereign Many have let themselves be guided (which in their best times they always have done) by the counsels and influence of a more highly gifted and instructed One or Few. The initiation of all wise or noble things, comes and must come from individuals; generally at first from some one individual. The honour and glory of the average man is that he is capable of following that initiative; that he can respond internally to wise and noble things, and be led to them with his eyes open. I am not countenancing the sort of "hero-worship" which applauds the strong man of genius for forcibly seizing on the government of the world and making it do his bidding in spite of itself. All he can claim is, freedom to point out the way. The power of compelling others into it, is not only inconsistent with the freedom and development of all the rest, but corrupting to the strong man himself. It does seem, however, that when the opinions of masses of merely average men are everywhere become or becoming the dominant power, the counterpoise and corrective to that tendency would be, the more and more pronounced individuality of those who stand on the higher eminences of thought. It is in these circumstances most especially, that exceptional individuals, instead of being deterred, should be encouraged in acting differently from the mass. In other times there was no advantage in their doing so, unless they acted not only differently, but better. In this age, the mere example of nonconformity, the mere refusal to bend the knee to custom, is itself a service. Precisely because the tyranny of opinion is such as to make eccentricity a reproach, it is desirable, in order to break through that tyranny, that people should be eccentric. Eccentricity has always abounded when and where strength of character has abounded; and the amount of eccentricity in a society has generally been proportional to the amount of genius, mental vigour, and moral courage which it contained. That so few now dare to be eccentric, marks the chief danger of the time.

mercredi 9 octobre 2013

Est ce la faute des juifs? Encore!

En cogitant sur le nationalisme que je considère comme une aberration, exactement comme l'islamisme, je n'ai pas pu passer à côté du rôle prépondérant des communautés juives de par le monde à le combattre dès son apparition au milieu du 18 eme siècle et en même temps à l'accepter voir le supporter.
Ce principe politique considéré comme presque naturel aujourd'hui, n'est qu'une invention humaine récente pour justifier l'état-nation. Autre construction artificielle pour justifier l'existence de l'état se trouvant orphelin du monarque et requérant d'organiser la société avec des principes plus adaptés à une économie libérale.
D'ailleurs le nationalisme n'est même pas considérer comme une idéologie, les intellectuels l'ont toujours boudé et l'ont rarement justifié malgré  sa présence évidente dans la société et dans les mouvements politiques.
Les juifs surtout ceux de l'Europe de l'est ont été l'une premières minorités à être confrontés aux ardeurs nationalistes. Leur réaction était intéressante et se divise en deux grandes orientations : un nationalisme juifs qui cherchera un territoire pour un peuple et ressemblera beaucoup aux nationalismes européens, et une tradition de défense des droits et libertés individuelles qui connaîtra surtout son apogée (jusqu'a aujourd'hui d'ailleurs) en Amérique du Nord.
Comment les minorités juives ont pu succomber à une idéologie aussi réactionnaire qui plus est contre leurs intérêts et leur épanouissement en Europe et en Amérique ? Comment les juifs de tradition plus libérale ont pu assumer la dichotomie entre leurs engagements dans la défense des droits et libertés individuelles et le nationalisme ? 
On peut s'entendre que ce problème est rencontré partout dans le monde. Cependant le cas des juifs avec leur histoire comme minorités rend l'exercice plus intéressant.  En plus, si les juifs avec leur élite assez imposante et d'envergure internationale ne sont pas arrivés à contrer ce fléau que dire des autres ? Est ce que l'acceptation aujourd'hui du nationalisme, même avec son insignifiance théorique et son passé riche en exactions, a rapport avec le silence de la minorité qui en a souffert le plus? 
Tant de questions qui me semblent intéressantes non seulement pour les juifs mais l'humanité qui, semble t-il, aura autant de misère avec le nationalisme qu'elle en a eu avec la religion. J'essaierai  peut être si j'ai le temps d'y penser à voix haute :). 
Le contexte historique a été très important dans le revirement de plusieurs en faveur de l'état nation. Avant la Shoah l'idée n'était pas si populaire que ça ni chez les religieux ni chez les laïcs mais elle existait. Et l'adoption même de ses idées par une partie de ces communautés ( avant la Shoah) en même temps que leur popularité en Europe me paraît fascinante et digne d'intérêt. Qui les a adopté en premier? qui a résisté ? etc ....

mercredi 2 octobre 2013

Le diable est dans les détails !

Ces derniers jours je me suis trouvé face à un grand dilemme. En étant contre une proposition politique d'un parti politique au Québec ( parti québécois). Je me retrouve d'accord avec des islamistes, contre une proposition supposée être pour la laïcité et même défendant le voile ! Bon comment on peut en arriver là ?

Ce qui empire la situation, c'est que la position des islamistes paraît plus cohérente, contre la "laïcité" en Tunisie et au Québec et la position des pseudo laïque aussi pour la "laïcité" en Tunisie  et au Québec. Et honnêtement c'est l'unique raison qui me pousse à me justifier. Cet apparente cohérence cache en fait plein d'ambiguïtés  qui méritent d'être clarifier à moi même et à ceux que ça intéresse.

La neutralité de l'état :

Premièrement la raison la moins importante car le sujet au Québec n'est pas important. Avec 3% de musulman, la neutralité de l'état n'est pas menacée. Oui parce que si vous n'êtes pas au courant, la proposition n'est pas pour continuer le travail de laïcisation commencé au Québec et au Canada mais pour enlever les symboles ostentatoires aux travailleurs d'états ( kippa, turban et voile). Tout en gardant une croix très ostentatoires dans le lieu ou il y a le plus de pouvoir au mètre carrée dans la province ( l'assemblée nationale). Ceci étant dit la neutralité de l'état est tellement évidente au Québec  que les minorités ne se sentaient pas lésées par la présence d'une croix ou quelques dépassements ici et là surtout en région ( l'immigration est inexistante en région). 
J'ai moi même habité un village pendant deux ans et jamais j'ai constaté de dérapage avec la seule société d'état dont j'utilisais les services fréquemment (la société des alcools du Québec). 
Plus sérieusement comment 60% des citoyens peuvent sentir que la neutralité de leur état est menacée par une minorité ? Et comment la réponse d'un parti politique à ce sentiment peut prendre le nom de laïcité? La réponse me paraît simple : le populisme. Mais avant il faut aussi souligner l'hypocrisie de certains musulmans ( et de tous les islamistes) qui ne se cachent pas de mépriser les principes de la neutralité de l'état en Tunisie (ou ailleurs) et qui veulent un état vraiment neutre au Québec. Qui se foutent éperdument des droits et libertés et qui les réclament avec ferveur au Canada. 
Il faut pointer aussi nos pseudo laïcs qui ne savent pas reconnaître un modèle plus progressiste que celui qu'ils défendent. En fait nos pseudo laïcs formés généralement à l'école française pure et dure pensent qu'ayant pour adversaire politique des islamistes leur donne raison à tout les coups. Si les islamistes encouragent ou protègent les femmes voilées, alors les forcer à l'enlever ne peut être que progressiste, ou au moins avoir juste la douce revanche de les forcer à ne pas le porter dans leurs heures de travail. Juste comme ça, pour sentir une fois l'euphorie d'être majoritaire. Ce qui m'énerve le plus, c'est que ces gens là ne savent pas raisonner à l'extérieur de la dualité religieux/laïc, ce qui les empêche de reconnaître le progressisme d'un système ou les droits et libertés garantis à l'individu seront toujours de loin supérieurs au potentiel des systèmes qu'ils s'efforcent à promouvoir. C'est  peut être pour ça aussi que dans le monde arabe, les politiques restent prisonnières de deux idéologies majeures : nationalisme et islamisme. D'ailleurs, j'ai des frissons à chaque fois que j'entends dire au Québec qu'il faut limiter la liberté ( même religieuse) d'un tel au nom de la nation où au nom du peuple! Vous ne savez pas dans quoi vous vous embarquez. On y reviendra.

Le populisme:

A la mode dans tous les systèmes démocratiques, les pays du " printemps arabe" y ont goûté dès leurs premières élections libres. Au Québec,ça fait une éternité que ça dure, c'est rendu un sport national : Duplessis, Caouete, Mario Dumont et dernièrement Marois. Le PQ veut assurer sa survie en tournant le dos à son héritage  progressiste. C'est tellement plus facile ramasser les votes nationalistes avec des arguments populistes.
Comment reconnaître un discours populiste? En observant les islamistes, j'ai beaucoup appris. 
Des problèmes très compliqués et des solutions très simples. Il faut que ton audience soit convaincue qu'elle a compris comment résoudre le problème.  De la démagogie à volonté. L'apport des médias sera salutaire. Tu as des problèmes de corruptions, de financement des universités, d'environnement. Fais oublier ça et investit dans les sentiments de peur et de ressentiment. La solution est de s'affirmer, notre identité est en danger. Et on a la solution simple et convenable. Le ressentiment ! Fais sentir à la majorité qu'elle est vulnérable, qu'elle se fait marcher sur les pieds ( se faire manger la laine sur le dos). Et voilà c'était ça le problème tout le monde le sait maintenant. Encore mieux tout le monde connait la solution. 
Continues maintenant avec de l'élite bashing. Cette élite qui complique tout, qui nuance tout. Pourtant la solution est simple, on la connaît tous. Cette élite vendue, corrompue. Elle couche avec le pouvoir et c'est déjà à cause d'elle qu'on en est arrivé là. Un discours familier? Et oui c'est à la mode et pas juste dans ce sujet. Ça rappelle les gens qui n'arrêtent pas de louer les bienfaits de la médecine alternative et de mépriser la médecine moderne. Pourtant 50% de ces gens ne dépasseraient pas l'âge de deux ans sans la médecine moderne. Cet élite bashing est à la base du discours populiste car si tout le monde comprenait ce que l'élite raconte on n'aurait pas besoin de spécialistes douteux qui racontent n'importe quoi. Genre specialissss dans les groupes islamissss. C'est quoi ça ? Ça prend quoi comme formation? Ça mange quoi l'hiver? Ça prendrait pas des chroniqueurs non plus. Ne jamais faire confiance à quelqu'un qui est payé pour avoir une opinion chaque semaine et dans les radios chaque jour. Comment tu peux avoir une opinion arrêtée et des solutions à tous les problèmes ? Mais tu es un génie!
Enfin tu as le politicien qui vient avec la solution la plus simple et qui a écouté les citoyens et qui est proche d'eux qui vient ramasser le résultat de l'abrutissement généralisé. Ses solutions ne vont pas marcher, il passe pour une victime de l'élite bien pensante qui ne l'a pas laissé faire ce que le peuple voulait ( d'ailleurs c'est l'argument du gouvernement islamiste en Tunisie). Tout ça avec un soupçon de conspirationnisme et un peu de pleurniche.
Pour moi tu ne peux pas défendre des idées aussi profondes que la laïcité, ou la démocratie en ayant recours à un discours populiste. C'est une ambiguïté éthique et même stratégiquement ce n'est pas viable. A la longues tes idées de laïcité et de démocratie seront emportés par la marée des idées populiste que tu as utilisé. Les alliés des islamistes en savent quelque chose aujourd'hui en Tunisie. A force d'utiliser n'importe quel discours pour ramasser des appuis et renverser un dictateur, tu te trouves à la longue prisonnier d'un discours réactionnaire qui peut mener à une dictature pire que la première.

Souveraineté populaire, nationale et religieuse :

L'ambiguïté que je retrouve la plus intéressante et qui risque de m'attirer les foudres de tout le monde. Mais parfois il faut assumer ses idées. Personnellement, je commence à prendre goût à être minoritaire. Tu n'as pas de compte à rendre à personne, tu n'as pas de ligne de parti. C'est une volupté de fin gourmet. 
Les islamistes sont toujours pointés du doigt parce qu'ils préconisent une sorte de souveraineté populaire mais chapeauté par une sorte de souveraineté divine où religieuse que personne ne sait ce que c'est au juste. Qui va être assurer par un illuminé genre ayatollah ou un conseil d'imam ou peu importe. Ce n'est pas ça le problème. Le problème c'est que la souveraineté divine n'est pas précise et peut être interprétée suivant le goût du président ou du premier ministre et qu'elle est supérieur à la souveraineté populaire ou chaque individu est dépositaire de la souveraineté qu'il donne ou retire à ses représentants.
Cependant la souveraineté nationale n'est pas si différente de la souveraineté divine. C'est quoi la nation? Qui a le droit d'interpréter les valeurs d'une nation? Qui en est le porte parole? Est ce que la souveraineté appartient au peuple (aux individus) ou à la nation qui est une entité gélatineuse qui peut prendre n'importe qu'elle forme? Et qui de surcroît inclue les morts et ceux qui ne sont pas naît encore ( ils ont voix au chapitre plus que le peuple vivant aujourd'hui).
Les canadiens et les québécois en particulier ( vu qu'ils sont minoritaires culturellement au Canada et en Amérique du Nord) ont très vite saisit que cette tare qui est la nation souveraine est très nuisible à l'épanouissement de l'individu. Peut être à cause de leur cas unique ou cohabitaient plusieurs nations (français,anglais et les nations amérindiennes) dans des relations compliquées de colonisation, de cohabitation et autre. D'où l'accent mis sur les droits et libertés individuels dans la charte québécoise de 75 et canadienne. Ces chartes qui sont fustigées de partout aujourd'hui par des specialissss en groupe islamisss. 
Même le multiculturalisme, qui a démontré certaines limites et que des chercheurs respectables ont critiqué, reste un modèle à la pointe de ce que l'humanité a pu/ pratiquement et pas théoriquement/ mettre  en œuvre en terme du vivre ensemble. Les gens qui le descendent chaque jour dans les médias pensent peut être que c'est le faite de se faire pousser la barbe ou mettre un voile.
Pour ne pas être un idiot utile, il faut savoir mettre les priorités. En Tunisie, c'est les islamistes qui sont une menace directe pour les libertés individuelles( il faut garder à l'œil les nationalistes aussi). Au Québec et en occident ce sont les nationalistes ( il faut garder à l'œil les extrémistes religieux qui sont plus souvent des criminels de droits communs que des menaces politiques). Mais partout, c'est les politiciens populistes et démagogues qui sont les plus dangereux même quand ils le font pour les bonnes causes.