vendredi 14 mars 2008

Voir Damas et puis mourir

À chaque fois qu'on parle de la Syrie aux nouvelles, j'ai un petit pincement au cœur. La diabolisation de n'importe quel peuple me répugne mais dans ce cas la diabolisation me révolte. J'étais en Syrie en 1996. Je suis resté deux semaines. Malgré les salaires ridiculement bas, les deux ans d'armée obligatoires pour tout les jeunes et tout les autres problèmes, je ne me souviens pas avoir vu un syrien (ou une syrienne) grincheux. Tout le monde étaient contents de te voir avant même de connaître ta nationalité. Et un sourire magnifique illuminé les visages.


À 56 km au nord de Damas, se trouve un beau village qui s'appelle Maaloula. Un petit village chrétien qui abrite, à ce qu'il paraît une des plus anciennes églises au monde. Quand tu rentres dans cette église qui n'est pas somme toute plus grande qu'une chambre. Une chambre très ordinaire et à peine meublée. Tu sens toute la splendeur et la grandeur de la spiritualité quand elle est simple et spontanée. Pas de prêches à tue-tête, pas de bagues d'or, pas de sermons. Juste le silence et le vide. À dire que les religions perdent le nord quand elles vont vers l'ouest.

Malgré l'émerveillement qu'on a devant la beauté de la mosquée omeyade à Damas. Je n'ai eu une sensation comparable que quand je suis rentré dans la chambre où se trouve la tombe de Saladin ou celle ou se trouve la tombe d’Ibn el Walid. Peut être qu'on est juste impressionné par les histoires qu'on a entendu à propos de la bravoure et la chevalerie de ses hommes. Mais le résultat est le même. Une forme de spiritualité simple et spontanée chuchotée par ces grands hommes face à la mort. Ces hommes ont fait de leurs mieux et là comme on dit en Tunisie "Sa3dek ya fa3el el 5ir".

La dernière journée un bus qui explose dans la rue pas loin de nous. Ce n’est pas comme dans un film et ce n’est pas comme dans mon imagination. C’est un sentiment de peur pure et intense. Un séisme qui ébranle la foule et la désoriente.
Qui a fait ça? Pourquoi? La seule réponse qu'on a eue (après avoir quitté la Syrie) 1 mort, 14 blessés.... Malgré ça, je reviendrais quand je pourrais à Damas, à Maâloula, à Alep et à Homs. Les uns peuvent diaboliser, les autres peuvent terroriser.... Mais voir Damas ça n'a pas de prix.


Maâloula
L'église Mar Serkis

5 commentaires:

moghrama a dit…

bonsoir si eddou3aji , tu a touché un nerf très sensible dans les cordes de mon âme et de mon coeur ; oui comme tu dis :voir damas et mourir ,un rêve enfui au fin fond de mon être , mais je sens que c'est irréalisable : à coup de diabolisation comme tu dis , mon mari refuse catégoriquement de se rendre en syrie et m'empèche d'y aller seule ..tous les ans , je réitère ma demande et la réponse est toujours la même , et comme lot de consolation je finis toujours par attérir à Paris ou dans un tout autre pays...il faut que je trouve une solution pour voir le pays de Nizar.et la mosquée des Oméyades.merci pour ce reportage et ces phitos

eddou3aji a dit…

@ moghrama: J'ai vraiment adoré ce pays. J'éspère que ça va s'arranger dans cette région. Mais si non je ne pense pas que c'est plus dangereux qu'ailleurs. Je suis content que ça te plaise. Et je te souhaite de visiter echam un de ces jours... En attendant je trouves que Paris est une belle compensation :)

Sosso a dit…

Ah ya dimashq!
Je t'avoue que pour moi c'était une grande déception.
Et oui, j'ai passé un petit moment en Syrie en 2005 et je me suis senti oppressé. Je me sentais comme dans une grande prison.
J'ai trouvé les gens tristes cassés brisés. Je me souviens avoir croisé pas mal de "jeunes" qui avaient mon âge mais qui paraissaient en avoir au moins 10ans de plus. Et je me suis hasardé à poser la question, parce que là bas il faut se méfier, et les réponses que j'ai eu n'ont rien de gaies.
J'étais frappé par le pauvreté. Le coup de la vie si élevé quand on sait comment sont bas les salaires.
J'étais frappé par la prostitution, les moukhabarat à deux balles qui ont leurs table à Nawfara (on les reconnaît de très loin), les 3 ans d'armées ( et oui 3 et non 2). Une armée dont les véhicules bloquent la circulation parce qu'ils sont tout le temps en panne. Malgré tout ça je retournerai dans ce pays. Parce qu'il est magnifique, je me retirerai à Mar Moussa. mais j'éviterai d'y passer trop de temps.

eddou3aji a dit…

@ Sosso: Je vois que ça a empiré depuis 10 ans. Dommage, j'admirais le sourire et l'état zen des syriens malgré les problèmes qu'ils avaient. Je t'avoue que j'ai remarqué la méfiance surtout quand on pose des questions et les gens`avaient tendance à dire que ça allait très bien. Les photos des Assad, le père le fils assassiné étaient partout à cette ^époque. Mais il y a quelque chose de mystérieux et d'appaisant que j'ai adoré. C'Est sur que je ne viverais pas là bas...Malgré que le 3ra9 est très bon :)

Sosso a dit…

Les photo de la sagrada familia, je m'amusais à les prendre en photo et j'ai failli avoir des problèmes à cause de ça .
Le 3ra9, et la rue de Pakistan. J'ai eu droit à un litre d'araq sur mes chaussures à l'aéroport. Je te raconte pas les commentaires aux quels j'ai eu droit.